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28 février 2011

SUISSE,AFFAIRE VANESSA TCHATCHOU : LE CODE FAIT UN SCANDALE À L’INTERCONTINENTAL

Suisse - Cameroun - Affaire Vanessa Tchatchou : Le CODE fait un scandale à l’IntercontinentalUn cercueil qui crée la panique générale
L’affaire Vanessa en plein cœur de Genève
La garde rapprochée de Paul Biya en état de choc
La police anti-terroriste en renfort
Brice Nitcheu et Moïse Essoh  inculpés

Le récit  d’une journée folle à Genève

Les leaders des deux factions du CODE, Brice Nitcheu et Moise Essoh, ont sans doute voulu marquer de façon spectaculaire la dynamique de convergence dans laquelle ils sont engagés depuis plusieurs mois. Et l’affaire Vanessa Tchatchou, la détention de l’homme politique et écrivain Enoh Meyomesse, la commémoration de la semaine des martyrs, combinés avec la présence du Président Paul Biya à l’hôtel Intercontinental, ont offert une constellation favorable pour l’assaut qui a complètement paralysé pendant plus d’une heure de temps  l’hôtel Intercontinental ou séjournerait, selon le CODE, Paul Biya en ce moment. Cette action du CODE, appelé « Opération Mont Cameroun » a mobilisé trois corps d’élite de la police Genevoise, y compris la police anti-terroriste. Nous avons suivi, pendant deux jours et à leur demande, les traces de ces deux leaders qui donnent du fil à retordre au pouvoir. Et nous en avons eu plein les yeux.

Vendredi matin, Moise Essoh débarque à Genève, en provenance de Bruxelles. Direction, le siège des Nations Unis, ou il est attendu par les responsables de la Commission contre la Torture. Les discussions durent une heure et demie, sur un Mémorandum préparé par le CODE et qui donne dans les moindres détails un état des lieux sur la situation des droits de l’homme au Cameroun. La Commission prend acte, et promet « d’exploiter » le document. C’est, nous dit Moise Essoh, la partie diplomatique de la mission à Genève. Il s’installe ensuite dans un hôtel, où il passe la nuit, et attend.

Samedi matin, 10h30, aéroport de Genève. En provenance de Londres, Brice Nitcheu débarque. Il est flanqué de son plus fidèle lieutenant, Emmanuel Kemta, Chef de la Cellule Opérationnelle du CODE. Moise Essoh est là pour les accueillir, en compagnie de deux membres du CODE dont il nous est demandé de ne pas dévoiler l’identité. Ils sont, nous dit-on, des agents infiltrés qui traquent tous les mouvements de Paul Biya à Genève. Après quelques séances de photos, ils s’engouffrent tous dans un véhicule rouge, et se dirigent vers le QG du CODE. Nous ne sommes pas autorisés à y entrer et attendons dans un café en face.

Suisse - Cameroun - Affaire Vanessa Tchatchou : Le CODE fait un scandale à l’Intercontinental

 

Il est 15h. Deux membres du CODE descendent, regardent à droite et à gauche. Puis font un grand signe de la main. Le véhicule rouge tourne, fait marche arrière, et pointe le derrière vers une sortie discrète. Les activistes font monter rapidement dans la banquette arrière un grand cercueil drapé dans un drapeau du Cameroun. Puis, c’est une poussette de bébé, et un grand sac. Brice Nitcheu et Moise Essoh prennent place dans le véhicule rouge, qui démarre en vitesse, et se dirige vers l’hôtel Intercontinental, suivi de près par un autre véhicule qui transporte deux autres activistes, dont une femme. 15h20. Les véhicules garent discrètement sur un parking en face de l’hôtel. Il y a, à l’intérieur de l’hôtel, une « taupe » installée dans le café qui donne toutes les informations. Dehors, il fait beau temps. Maintenant, le temps est à l’action.

D’un pas décisif, l’air grave, Nitcheu sort du véhicule, et s’empare de la poussette. Il se dirige vers l’entrée de l’hôtel, suivi de près par son compagnon Moise Essoh. Un agent de la sécurité, ignorant qu’un scandale se nouait, leur ouvre le grand portail, croyant avoir à faire aux clients de l’hôtel. Les  leaders du CODE sont maintenant l’intérieur, dans le grand hall où se trouve la réception. C’est vers là qu’ils se dirigent. Devant les réceptionnistes médusés, Nitcheu sort un sévère réquisitoire contre l’hôtel Intercontinental, qu’il accuse de recel de biens sociaux, et exige qu’on demande à Paul Biya de venir remettre l’enfant de Vanessa. Pendant ce temps, Dr Essoh sort du sac de grands posters, ou on peut lire : « Paul Biya passe 274 jours à l’Intercontinental, 111 jours au Cameroun, et combien de milliards volés au peuple camerounais » « Paul Biya, ou est l’enfant de Vanessa ? » « Enoh Meyomesse, prisonnier politique au Cameroun. Libérez-le tout de suite » «  Paul Eric Kingue, victime de la Françafrique » etc. La panique s’installe. Toute la scène est filmée par une activiste, à qui la direction de l’hôtel, paniquée, tentera de faire confisquer la caméra par la force.

Suisse - Cameroun - Affaire Vanessa Tchatchou : Le CODE fait un scandale à l’Intercontinental

 

La scène de la réception ne va pas durer. Les agents de la garde rapprochée de Paul Biya qui buvaient dans le bar de l’hôtel ont repéré les trouble-fêtes et courent vers la sécurité de l’hôtel pour exiger que la camera qui filme soit confisquée. « Aucune image ne doit sortir d’ici » peut-on entendre un garde de Paul Biya crier. La bagarre pour le contrôle de la camera entre la sécurité de l’hôtel et les activistes se termine en faveur de ces derniers. Dans le hall, c’est un vacarme infernal. Les clients qui vont et viennent regardent, ahuris, la scène. Essoh tente de leur distribuer les posters. Un responsable de l’hôtel les arrache et les déchire.  C’est à ce moment que la directrice de l’hôtel descend et intime l’ordre aux deux leaders de se mettre dehors. Nitcheu déclare que ce sera après Paul Biya. Elle sort son téléphone portable et appelle la police, avec un ton qui frise l’hystérie.  Alors qu’une demi douzaine d’agents de l’hôtel tentait en vain de faire sortir Essoh et Nitcheu, se déroule à l’extérieur une scène pour le moins cocasse.

Emmanuel Kemta, qui attendait en retrait  dans la voiture, débarque devant l’hôtel avec le grand cercueil aux couleurs nationales. Le timing est parfaitement agencé. On voit des clients et des passants curieux, s’esquiver de tous les cotés. Kemta se pointe à l’entrée. Les agents de la sécurité hésitent et ne savent quoi faire. On peut lire, sur le cercueil la mention «  Pour les 150 morts tués en février 2008 par Paul Biya ». Les clients qui arrivent préfèrent rester dans leurs voitures, essayant de comprendre ce qu’ils voient. Un cercueil à l’entrée de l’un des plus prestigieux hôtels du monde, c’est inédit. Un responsable de l’hôtel se jette sur le porteur du cercueil et tente de le détruire. Nitcheu et Essoh sortent et interviennent. A l’intérieur, les agents de la garde rapprochée de Paul Biya ont les nerfs à fleur de peau, et font des va-et-viens, téléphones portable collés aux oreilles. Simultanément, 4 cars de police arrivent en trombe. Puis, c’est au tour des cars de la police anti-émeute, enfin, des agents de la Cellule anti-terroriste de Genève. Au total, il y a 8 cars de police, 18 policiers, dont certains en tenue civile.

Au moment ils arrivent, les agents de l’hôtel tentent de repousser les activistes. Ceux-ci résistent et insistent pour que Paul Biya descende récupérer le cercueil. C’est une scène de bagarre qui s’engage. La police a juste le temps d’intervenir pour séparer les deux parties. Un cordon de la police prend place entre les activistes d’un coté, et les agents de l’hôtel de l’autre. Au sixième étage de l’hôtel, on voit très bien des rideaux qui s’ouvrent et se referment de temps à autre. « Voila la suite où réside le dictateur », lance Emmanuel Kemta, toujours son cercueil en main, en pointant du doigt. Les policiers isolent Brice Nitcheu et lui déclarent qu’ils ont été informés, probablement par les hommes de Paul Biya postés à l’intérieur, qu’il est le meneur, et qu’il est en état d’arrestation pour délit de manifestation publique non autorisée et violation d’un espace commercial privé. Dr Essoh insiste pour que la police l’inculpe également. Par la suite, tous les activistes sont identifiés minutieusement. Les deux leaders expliquent les raisons de leurs actions aux policiers, qui écoutent en prenant des notes. Les activistes accusent la police de « protégez un dictateur, qui protége les voleuses de bébé », en brandissant le grand poster de Vanessa Tchatchou ou on peut lire, « Vanessa, tiens bon ! » mais ces derniers s’en défendent.

Apres plus de 40 minutes de conciliabule, les deux leaders du CODE s’en sortent avec une amende, dont le montant sera déterminé ultérieurement selon la police. « Nous attentons les contraventions » déclare Nitcheu. « Nous allons les envoyer à Paul Biya, résidant permanent du sixième étage de l’Intercontinental et il se chargera de payer ». « La prochaine fois que vous viendrez manifester sans autorisation, vous serez simplement interdits de séjour en Suisse », menacent les policiers. « Celui qui devrait être interdit de séjour en Suisse s’appelle Paul Biya » rétorque Moise Essoh, qui a déjà repris la poussette. Kemta dépose le cercueil non loin. Les activistes quittent les lieux, laissant derrière eux les policiers et de petits groupes de clients de l’hôtel et de passants qui se sont formés pour voir la scène. A l’intérieur, les agents de la sécurité de Paul Biya fulminent. Ils ont insisté auprès de la directrice de l’hôtel pour que les activistes du CODE soient arrêtés. En vain. 

Suisse - Cameroun - Affaire Vanessa Tchatchou : Le CODE fait un scandale à l’Intercontinental

 

Si Paul Biya avait besoin de repos ce samedi soir, il a dû avoir quelques soucis. C’est la deuxième fois que Nitcheu le traque dans ce même hôtel. Cette fois-ci, en compagnie de Moise Essoh. Les deux factions du CODE ont fait preuve d’un extraordinaire sens de leadership qui devrait servir d’exemple à l’opposition camerounaise. Le pouvoir au Cameroun a pendant longtemps exploité la divergence entre les deux leaders pour affaiblir les forces patriotiques de la diaspora. On sait que Nitcheu est dans l’action physique et directe. Moise Essoh dans l’action diplomatique et géostratégique. Les deux combinés font un cocktail explosif. Comme ils viennent de le démontrer le weekend dernier à Genève.  Demain verra peut-être l’unité définitive du CODE. Mais là, c’est une autre histoire.

Patrick Noubissi
Envoyé Spécial à Genève

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