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  • Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques des Camerounais de la Diaspora. Ce blog est un espace d'échanges et d'informations citoyennes en faveur de la mise sur pied d'un Etat de droit au Cameroun
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17 mars 2010

Brice Nitcheu:" Paul Biya doit bien réfléchir sur la chute de Ben Ali parce que nous allons lui rendre la vie très difficille"

Brice_Nitcheu1701011300En février 2008, le pouvoir en place avait accusé son organisation d'être à l'origine des émeutes qui avaient secoué le Cameroun du 26 au 28 février de la même année. Son organisation le Code ( Collectif des organisations Démocratiques et Patriotiques des camerounais de la Diaspora) selon lui, fonde son existence même sur la logique insurrectionnelle. Une logique qu'elle a toujours défendu avec acharnement. Brice Nitcheu, le président du CODE que nous avons pu avoir en interview depuis Londres où il réside salue la Mémoire des martyrs de la Révolution Tunisienne et félicite la jeunesse de ce pays qui "avec une vitesse astronomique, et ce grâce à l’audace et au courage extraordinaires a pu chasser le "dictateur Ben Ali" du pouvoir qu'il a "confisqué depuis 23 ans". Lisez plutôt

Monsieur Brice Nitcheu, la pression de la rue a contraint Ben Ali à l'abandon du pouvoir le 14 janvier 2011 après 23 ans de règne en Tunisie. Comment avez-vous appris la nouvelle et quelle est votre réaction à chaud ?

Avant de répondre à votre question, permettez-moi de me prosterner humblement devant la Mémoire des martyrs de la Révolution Tunisienne, qui ont fait don de leur vie pour libérer le Peuple Tunisien du joug de l’un des pires potentats des temps modernes.  Nous suivons, avec une attention intéressée, les différentes étapes qui ont conduit à la chute du dictateur sanguinaire Ben Ali, qui pendant 23 ans croyait détenir le pouvoir de vie et de mort sur son peuple. Mais voila que, avec une vitesse astronomique, et ce grâce à l’audace et au courage extraordinaires de la jeunesse, Ben Ali est maintenant un apatride qui coure le monde à la recherche d’une terre d’asile, qui se voit rejeter partout comme un malpropre. Maintenant, des caciques de son parti qui l’ont  pourtant soutenu dans sa folie meurtrière, veulent confisquer la victoire de la jeunesse Tunisienne, en mettant au pouvoir son premier ministre. Nous appelons le mouvement insurrectionnel à se poursuivre, jusqu’à ce que tous les vestiges de la dictature de Ben Ali soient détruits et balayés, que tous ceux qui se sont rendus coupables de crimes contre les Tunisiens soient arrêtés, jugés et punis.

Vous parlez ainsi d'une insurrection populaire ?

Nous l’avons toujours dit, aucune dictature au monde ne tombe sans avoir été contrainte par la force populaire ou militaire, ou une combinaison des deux. Mais, nous préférons l’option populaire qui est une émanation de la volonté du Peuple.  C’est cette leçon historique que la jeunesse Tunisienne vient d’administrer à la face d’un monde médusé. Ce qui s’est passé dans les rues de Tunis est l’illustration parfaite d’une insurrection populaire, qui est la forme la plus redoutable et le cauchemar de tous les kleptocrates, parce souvent, le mouvement est irréversible

Vous qui avez pendant longtemps orienté la philosophie de votre organisation le Code dont vous en êtes le président, autour de l'insurrection,  partagez-vous ce type d'alternance au pouvoir en Afrique et plus particulièrement au Cameroun ?

Après avoir fait le diagnostic de la situation politique et sociale au Cameroun depuis 1982, et tenant compte de ce que l’histoire nous enseigne, nous sommes arrivés à la conclusion que Paul Biya ne va jamais quitter le pouvoir à travers une élection qu’il a organisée. Le CODE fonde donc son existence même sur la logique insurrectionnelle. Notre Charte est extrêmement précise à ce sujet et est disponible sur notre blog http://www.lecode.canalblog.com . Paul Biya et son gouvernement nous ont accusés auprès des gouvernements occidentaux d’être un groupe de terroristes qui prépare un coup de force contre les institutions Camerounaises à partir de leur territoire, et nous avons été interpellés par tous ces états. Son ministre des Affaires Etrangères est particulièrement actif auprès des chancelleries occidentales, et dépêche des délégations régulièrement pour obtenir des assurances que ces gouvernements ne soutiennent pas notre démarche. Je voudrai ici les rassurer rien ne va entamer notre détermination.

Revenons sur la Tunisie. Le désormais ex-président Ben Ali a pourtant tenu un discours d’apaisement jeudi dernier avant de démissionner précipitamment vendredi dans des circonstances non encore élucidées. Le scénario vous surprend-il au vu des derniers développements de l'actualité dans ce pays du Maghreb?

Nous avons tous vu que le message de la jeunesse Tunisienne était très simple, mais très clair. Sur leurs pancartes, ils avaient trois petits mots, qui résumaient toute la détermination d’un peuple : « Ben Ali dégage ». Ses lamentations de la veille n’ont as apitoyé le Peuple, bien au contraire. Laissez-moi vous dire que la situation ne m’a pas du tout surpris. Toutes les dictatures finissent toujours dans un bain de sang, mais disparaissent toujours très vite lorsque vient le moment, mais c’est justement le prix de la liberté. Pourtant, malgré tout, il faut reconnaître le courage politique de Ben Ali, qui a non seulement demandé l’arrêt des massacres, mais a eu la force de quitter le pouvoir et de s’exiler. Il aurait pu continuer de s’accrocher au pouvoir et de massacrer davantage en se bunkerisant derrière son armée, comme le dictateur Paul Biya le fait au Cameroun. En février 2008, il a fait massacrer 150 jeunes, mais il n’a jamais offert un seul mot de consolation aux familles de ses victimes. Mais, doucement, inexorablement, sa fin approche, et comme vous pouvez le voir avec la chute de Ben Ali, celle de Biya sera encore plus tragique

La ‘’révolution tunisienne’’ pourrait-elle influencer d’autres pays d’Afrique et notamment le Cameroun qui se prépare à vivre une année 2011 sous fond d’élection présidentielle? Mieux, faut-il craindre désormais l'effet d'entraînement sur le continent noir?

Sans aucun doute, le mouvement insurrectionnel en Tunisie est une véritable source d’inspiration.  Il faut toute fois reconnaître que la Tunisie, comme la plupart des pays du Maghreb, a une société civile très dynamique, très organisée, qui s’appuie sur des groupes religieux très actifs, qui possèdent de très gros moyens logistiques. Au Cameroun, pour l’instant, cette société civile est très disparate, souvent minée par des conflits de leadership, comme d’ailleurs les partis politiques et les organisations citoyennes. Cela dit, nous voyons dans la chute de Ben Ali un signe de temps. Paul Biya pourrait ne pas avoir la chance, comme Ben Ali de s’enfuir. C’est pourquoi nous lui conseillons, pendant qu’il est encore, de partir tranquillement avec sa famille et de laisser notre pays se reconstruire. S’il s’entête à rester, comme cela semble être son intention, il devra en assumer toute la responsabilité, car nous sommes en plein dans une année insurrectionnelle.  S’agissant des élections de cette année, tous les candidats déclarés ou en voie de le faire, avancent souvent l’argument qu’il faut un alibi d’élection pour organiser une insurrection. Deux faits majeurs ont démenti cette approche : Les émeutes de févier 2008, et le mouvement insurrectionnel en Tunisie. Aucun de ces événements ne s’est déroulé pendant, après, ou avant une élection. Nous les invitons maintenant à se joindre à nous pour préparer le peuple à un mouvement insurrectionnel qui va mettre fin au régime de Paul Biya

Quel rôle l’armée nationale doit-elle jouer en de pareilles circonstances et comment voyez-vous l’avenir proche de la Tunisie?

L’armée n’a joue aucun rôle décisif dans la victoire du peuple Tunisien te ne doit pas la réclamer. Bien au contraire, parce que Ben Ali avait placé tous ses proches aux postes de commandement, cette armée n’a pas hésité à tuer, mais la vague insurrectionnelle était dévastatrice. Aucune armée au monde ne peut arrêter une telle vague. Nous reconnaissons que l’armée peut jouer un rôle important dans la chute d’un dictateur. C’est ce qui s’est passé au Mali. Quant au Cameroun, nous ne faisons, et n’allons jamais faire confiance à une armée criminelle et affairiste, avec des généraux croulants qui refusent d’aller à la retraite, mais qui sont tout juste là pour aider Paul Biya à se maintenir et a piller le pays avec eux. Lorsque Paul Biya partira, on va procéder aux Etats Généraux de l’Armée Camerounaise afin d’en faire une armée citoyenne, au du peuple et non au service d’un tyran

Avez-vous un message particulier à adresser au peuple tunisien ?

Nous n’avons pas seulement un message pour eux. Nous allons nous joindre à toutes les manifestations qu’ils vont organiser en Europe pour faire tomber les derniers vestiges de la dictature de Ben Ali. Le Peuple Tunisien a montré qu’avec le courage, l’audace et la détermination, on peut mettre en déroute un armée, et envoyé en exil un tyran. Nous saluons cette voie qu’ils ouvrent, et nous sommes tous des Tunisiens en ce moment

Un dernier mot à l’endroit des Africains et surtout à l'endroit des peuples frères de Tunisie et de Côte d’Ivoire ?

Nous soutenons tous les mouvements insurrectionnels populaires pour renverser les dictatures. Les peuples qui se sentent opprimés doivent se soulever pour défaire les tyrans qui les oppressent. C’est un droit qui est inscrit dans tous les Traités Internationaux. Le Peuple Tunisien a fait recours à ce droit, et le monde entier est admiratif devant tant de cran. Pour la situation de la crise en Cote d’Ivoire, nous pensons qu’il est du ressort du Peuple Ivoirien de résoudre ses problèmes. S’il y a un dictateur, qui qu’il soit, c’est au Peuple de la Cote d’Ivoire de se soulever contre lui comme nous venons de le voir avec la Tunisie. Une intervention armée extérieure va non seulement plonger ce pays frère dans une longue instabilité, mais aussi va accentuer la fracture sociale, et exacerber les tensions ethniques et religieuses. Les Nations Unies sont une institution qui a été créée pour apporter la paix dans le monde, et les casques bleus ne peuvent intervenir dans les pays en guerre que pour ramener la paix. Mais, cette institution est devenue un jouet aux mains de certaines puissances étrangères, qui manœuvrent ici et la en fonction de leurs intérêts géostratégique.  Aujourd’hui, ces puissances qui contrôlent les Nations Unies appellent leurs ressortissants à quitter la Cote d’Ivoire, et appellent au même moment les forces de la Cedeao, c'est-à-dire les Africains, à lancer un assaut sur ce pays pour tuer leurs frères Ivoiriens. Pourtant, nous avons vu en Biélorussie, un dictateur qui a triché les élections à la barbe des observateurs Européens, et a fait jeter en prison ces adversaires. L’Union Européenne, la France et les Américains se sont contentés d’un communiqué laconique, à peine audible. Pourquoi n’ont pas envoyé les forces de l’Otan pour déloger le dictateur Biélorusse ? Parce qu’ils ne veulent pas de guerre en Europe. Ils ne veulent pas tuer des blancs en Europe. Mais, lorsqu’il s’agit de Nègres, il n’y a pas de limite à leur propension à la haine. Cela ressemble même au racisme. Nous ne voulons plus de guerre en Afrique, et nous disons à ces Européens de nous laisser tranquilles. Les usines de fabrications d’armes en France sont en ruine depuis que ce pays ne trouve plus les pays africains en guerre pour les écouler. Il faut donc qu’ils provoquent ces guerres. Cela leur permet de mettre l’Afrique en coupe réglée, mais aussi de résorber le chômage chez eux.

Propos recueillis par Hermann Oswald G'nowa, Camer.be

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