Après l’accident qui a failli lui coûter la vie, Brice Nitcheu affirme : « Si Biya continue de faire couler le sang des Camerounais, il n’y a pas un seul endroit au monde où il ira se cacher après sa chute».Le 05 juin dernier, le leader du CODE l’a échappé belle, et c’est le moins qu’on puisse dire. Près d’un an après la disparition tragique de Pius Njawé dans un accident de voiture aux Etats-Unis, beaucoup de Camerounais se sont demandés s’il n’y a pas une série noire pour les patriotes dont l’activisme trouble, inquiète et menace la stabilité du pouvoir. Nous sommes allés à Londres pour rencontrer l’intrépide leader activiste, que le ministre de la communication, Issa Tchiroma, a accusé en février dernier de préparer une guerre civile au Cameroun. C’est dans à son domicile, situé au Sud Est de Londres, que nous l’avons rencontré. Il est entouré de 5 de ses fidèles collaborateurs, venus à son chevet pour le soutenir. Parmi eux, Marcel Tchangue, Conseiller Spécial du CODE qui a fait le déplacement depuis Bruxelles, Emmanuel Kemta, Chef de la Cellule Opérationnelle et Paulette Mendjno, chef de la Cellule Amazone. Brice Nitcheu a mis les pieds dans les plats. Lisez plutôt
Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
Merci d’avoir pris la peine de venir jusqu’ici. Mais avant toute chose, permettez-moi de dire toute ma reconnaissance à toutes celles et tous ceux qui, à travers le monde, par divers supports, ont eu une pensée pour moi pendant ces quelques jours qui auraient pu être tragiques. Ces milliers de messages que j’ai reçus de compatriotes connus et anonymes, me donnent la preuve de la dimension et de la justesse de notre combat. Les éléments rassemblés par les enquêteurs britanniques jusqu'à présent, confortent la thèse de plus en plus évidente, que quelqu’un a voulu me tuer. Cela dit, je suis, sans aucun doute, la manifestation vivante de la puissance de Dieu, le Dieu qui brise les chaînes des opprimés et des peuples martyrisés, et qui leur donne la force et le courage pour lutter contre les tyrans. Il s’est manifesté à moi dans toute sa Grandeur. Je suis vivant, et je mesure désormais l’importance de ces trois mots.
Que s’est-il vraiment passé?
Je me suis retrouvé face à un véhicule de couleur sombre, qui a débouché à un tournant, roulant en sens inverse, et fonçant sur moi à tombeau ouvert, tous les phares éteints. J’ai manœuvré autant que je pouvais pour éviter le choc. Tout s’est passé très vite, mais mon intuition m’a indiqué que cette voiture recherchait la collision. J’ai freiné en me déportant sur le coté de la route. Mais, le choc a été terrible. Pendant quelques secondes, j’ignorais ce qui se passait autour de moi. Le véhicule qui me suivait directement s’est arrêté, et le conducteur m’a aidé à sortir de la masse de ferraille broyée qui m’avait fait prisonnier, pendant que deux des trois occupants du véhicule adverse, deux Ukrainiens, s’enfuaient à toute vitesse. D’autres usagers ont réussi à maîtriser le troisième occupant qui tentait aussi de prendre le large. La police a été appelée sur la scène par les usagers témoins. Des patrouilles, des chiens de police et un hélicoptère ont été déployés pour arrêter les deux fuyards qui tentaient de s’échapper dans la broussaille environnante. J’ai été transporté à l’hôpital pour les soins et je vais beaucoup mieux maintenant.
Qu’en est-il des enquêtes ?
Les éléments rassemblés par les enquêteurs britanniques jusqu'à présent, confortent la thèse de plus en plus évidente, que quelqu’un a voulu me tuer. Il est question maintenant de savoir qui en serait le commanditaire, et les motivations. Dans le véhicule en question, la police a découvert une arme cachée sous le siège du conducteur, et un plan de mon quartier tracé à la main. L’un des fuyards résidait depuis deux mois à une adresse à tout juste un jet de pierre de chez moi, et ces coïncidences bizarres sont autant de signes qui ont conduit les enquêteurs sur une piste probable de tentative d’assassinat.
Lorsque vous déclarez que quelqu’un a voulu vous tuer, à qui pensez-vous ?
Il y a, au plus haut niveau de la pègre gouvernementale au Cameroun, des gens qui me vouent aux gémonies, et nourrissent à mon égard une haine instinctive. Nous avons des informations très précises, des tueurs à gage qui ont été déployés en Europe sur nos traces, et ils sont arrivés à Londres pendant la période du 100e anniversaire de la Journée Internationale de la Femme, après avoir séjourné en Hollande, en Suisse, en France et en Belgique. Le ministre zélé des Relations Extérieures de Paul Biya qui nous traite de « bande de malfaiteurs », a saisi les autorités Britanniques, Belges et Helvétiques avec une lettre dans laquelle il nous accuse d’utiliser ces pays comme base arrière pour déstabiliser le Cameroun. J’ai été d’ailleurs convoqué en novembre dernier par les services de renseignements britanniques, qui voulaient en savoir plus sur nos intentions et nos activités dans le pays
Que leur avez-vous répondu ?
Je leur ai dit trois choses :
1- Que le Droit International et la Charte Universelle des Droits de l’Homme, conçus et adoptés avec l’aide des Britanniques, confèrent à tous les peuples opprimés le droit de recourir à tous les moyens, y compris l’insurrection populaire ou armée, pour mettre fin aux régimes totalitaires. C’est ce que les Britanniques soutiennent aujourd’hui en Libye
2- Qu’il n’y a pas l’exemple d’un pays au monde ou un potentat de la trempe de Paul Biya a quitté le pouvoir sans y être contraint, et que tous les pays occidentaux qui vantent les vertus de la démocratie ont tous fait leur révolution, et les mouvements insurrectionnels qui agitent les pays arabes en ce moment nous confortent dans cette idée
3- Et qu’il est temps pour les occidentaux de lâcher Paul Biya, au lieu d’attendre l’embrasement pour venir jouer les sapeurs-pompiers.
« Issa Tchiroma m’avait mis en contact avec les rebelles Tchadiens »
En février dernier, le ministre de la communication Issa Tchiroma, vous a accusé sur les antennes de la CRTV d’envoyer des jeunes dans la rue pour se faire tuer, alors que vous êtes installé tranquillement à Londres.
Parlons de celui que vous appelez « ministre de la communication ». Issa Tchiroma est le dindon de la farce du régime de Paul Biya. Cet homme est l’illustration de l’opportunisme le plus abject. Je détiens des emails qu’il m’envoyait à l’époque où il se présentait comme opposant, dans lesquels il vilipendait Paul Biya, et menaçait d’embraser le pays s’il ne quitte pas le pouvoir. Il m’avait d’ailleurs mis en contact avec un ancien ministre de Hissene Habré qui avait fait défection pour rejoindre Idris Deby, puis a fait encore défection pour rejoindre la rébellion. Tchiroma avait même arrangé une rencontre entre le rebelle Tchadien et moi dans une ville dans le sud de la France, mais ses propositions ne nous avaient pas impressionnés. Dans l’un des emails, Tchiroma me rassurait qu’il contrôlait tout le nord du Cameroun, et qu’avec un peu de moyens, nous pourrions entrer dans Yaoundé en quelques jours. Tchiroma peut vendre sa mère pour son ventre. C’est choquant de l’entendre dire qu’ils vont tuer des enfants, simplement parce que je les envoie dans les rues
Ensuite, laissez moi vous dire que tous ceux qui tiennent ce discours selon lequel il faut rentrer au Cameroun pour mener la lutte, sont tous des profiteurs et des gargantuas qui sucent le peuple, et redoutent le terrible retour de bâton en cas de la chute du régime Biya. Les Iraniens ont renversé le Shah d’Iran à partir de Paris. Nous connaissons l’apport décisif des Egyptiens, des Tunisiens, des Syriens etc., dans les mouvements populaires de leurs pays respectifs. La diaspora n’est pas la seulement pour envoyer les « Western Union » au Cameroun, et ce sont d’ailleurs ces envois qui maintiennent le Cameroun sous perfusion. Nous allons continuer avec les moyens que nous avons, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, à ridiculiser, à décrédibiliser, et à démystifier le régime de Paul Biya, jusqu’au ce qu’il tombe.
Paul Biya vient de nommer le reste des membres de l’ELECAM, qu’est ce que cette nouvelle nomination vous suggère ?
Il n’y vraiment à rien sous le ciel. Les Camerounais ont tous été témoins du ballet d’hésitations et d’ambiguïtés de Paul Biya. Il crée d’abord ELECAM, avant d’attribuer ses prérogatives. Puis il nomme ses membres, et constate qu’il n’y en a pas assez. De 12, il passe à 18 membres. Aucune explication rationnelle sur sa démarche. En bon chef de la mafia gouvernementale, il distribue ainsi les fruits de la rapine pour faire taire quelques bavards qui s’agitent parce qu’ils ont faim. Vous savez que les membres d’ELECAM ont un traitement salarial de ministre, avec véhicules et maison de fonction. C’est donc un enjeu social et financier important pour certains désœuvrés qui retrouvent ainsi une véritable bouffée d’oxygène. D’ailleurs, Paul Biya s’est empressé de les dépouiller du pouvoir de proclamer les résultats des élections, et personne parmi eux n’a bronché.
La loi sur le droit de vote des Camerounais de la diaspora vient d’être passée à l’assemblée nationale. Quelle est votre analyse de cette démarche du pouvoir ?
Paul Biya a cédé à la pression que nous exerçons sur son régime depuis 12 ans. Aucune n’empêchait les Camerounais de voter. Passer une loi pour accorder ce qui est un droit fondamental relève du burlesque. Il est tout fait ridicule de brandir aujourd’hui le droit de vote de la diaspora comme un trophée de guerre, après avoir violé ce droit pendant des décennies. Il s’agit là de l’une des plus grandes escroqueries politiques des temps modernes. Paul Biya se place dans la posture d’un criminel qui tente de passer pour un saint aux yeux de ses victimes. Ensuite, le droit de vote des Camerounais de la diaspora ne change absolument rien sur son sort, et encore mois sur la donne. Pourquoi ? Parce qu’au moins 80% des Camerounais qui vivent en dehors du Cameroun ont acquis la nationalité de leurs pays d’accueil, même si ceci ne me concerne pas personnellement. On estime qu’il y a à peu près deux millions de Camerounais de la Diaspora. Dans cette configuration, 1 800 000 Camerounais d’origine sont d’office exclus du processus électoral. Parmi les 200 000 restant, il y a un grand nombre de réfugiés politiques qui ont, comme moi, maintenu leur nationalité, mais ne détiennent plus de passeports camerounais. Vous voyez bien que Biya n’est qu’un ignoble tricheur, et n’oserait pas donner la corde avec laquelle on va le pendre. Il va sans doute attendre l’après élection pour ouvrir le débat sur la double nationalités, en sachant qu’il n’a plus aucun risque à courir. De toutes les façons, nous n’avons jamais fait mystère de nos revendications sur ce dossier. Nous exigeons :
- Le Droit de Vote à tous les camerounais d’origine et naturalisés vivants hors du Cameroun
- La reconnaissance de la Double nationalité par la Constitution du Cameroun
- Le Recensement des ressortissants Camerounais de la Diaspora avec l’établissent des cartes consulaires
- La création de Circonscriptions électorales Etrangères avec la possibilité d’élire des Députés ou des Sénateurs de la Diaspora au Parlement et au Sénat Camerounais
- La suppression pure et simple des frais de Visa pour tous les ressortissants camerounais désirant de séjourner au Cameroun
Voila les dossiers sur lesquels nous attendons Paul Biya
Les élections approchent, et les différents partis politiques commencent à se déployer. Quelle est la position du CODE ?
Lors de notre dernière assemblée générale tenue à Birmingham le 28 juin dernier, nous avons réaffirmé notre position, à savoir que Paul Biya ne peut pas organiser les élections et les perdre, et que seul un soulèvement populaire peut provoquer sa chute. Il n’y a pas l’exemple d’un pays au monde ou un dictateur a organisé et perdu des élections, comme je vous l’ai dit. Avant de porter des critiques sur l’opposition camerounaise, il faut tenir en compte l’environnement dangereux et oppressif dans lequel elle évolue. Il n’y au Cameroun aucun opposant sérieux qui n’ait été victime des abus et atrocités de la part de Biya. Mboua Massock en est une illustration vivante. Nous avons vu avec quelle brutalité Paul Biya a réagi lors de la semaine des martyrs le 23 févier dernier, avec son armée de tonton macoute toujours avide du sang des Camerounais
Cela dit, il faut reconnaître que notre opposition a un certain nombre défaillances, qui se caractérisent par son incapacité congénitale à constituer une alternative commune et crédible à Paul Biya. La vielle garde se cramponne férocement à leurs postes et privilèges, et voit d’un œil suspect l’émergence d’une nouvelle classe politique. Dans cette ambiance délétère, nous voyons des candidatures qui fusent de partout. Parmi elles, on en trouve des plus fantaisistes, et même des plus ridicules. C’est quand même extraordinaire de voir le nombre de partis politiques qui se créent ces derniers mois, par simple opportunisme alimentaire.
En plus, nous constatons un ballet incessant de certains de ces candidats dans les chancelleries occidentales, et surtout au Quai d’Orsay. Certains brandissent leurs affinités avec certains lobbies internationaux comme la preuve de leur popularité. A ces candidats là, nous disons qu’ils se trompent lourdement en croyant que c’est Nicolas Sarkozy et Barack Obama qui attribuent la légitimité. Tout candidat qui va chercher le pouvoir chez les Occidentaux n’est pas en mesure de défendre les intérêts du Cameroun. Nous allons les combattre avec la hargne que nous combattons Paul Biya
On parle de plus en plus de candidature unique, et on accuse l’opposition d’absence de projets crédibles.
J’ai été secrétaire général de l’Union Pour le Changement dans le Littoral pendant les élections présidentielles de 1992. L’opposition avait présenté un candidat unique, en la personne du Chairman, Ni John Fru Ndi qui avait, de l’avis de tous les observateurs, gagné les élections. Paul Biya a inversé les résultats, et la France s’est empressée de reconnaître la victoire du voleur. En 1992, nous avions une opposition vierge, qui ne traînait pas les casseroles qu’on lui connaît aujourd’hui, et les Camerounais étaient tous mobilisés derrière elle. Malgré ce contexte favorable, l’opposition n’a pu rien faire pour déstabiliser le pouvoir, parce que Biya avait déployé l’armée pour mater. Aujourd’hui, certains de ces opposants ont eu le temps de montrer leur limite et beaucoup d’eau et de sang a coulé sous le pont. Déçus par leur couardise et les multiples retournements de veste, les Camerounais ne sont plus prêts à se sacrifier pour ces leaders qu’on voit sous la casquette d’opposant le jour, mais qui vont faire allégeance à Paul Biya la nuit. C’est ce qui explique le manque d’engouement populaire pour les prochaines élections. Alors, dites-moi comment Paul Biya peut accepter la victoire d’un candidat unique aujourd’hui alors qu’il ne l’a pas fait en 1992, sachant qu’il venait de modifier la constitution pour se donner les moyens constitutionnels de mourir au pouvoir, après avoir tué plus de 150 jeunes
Les projets n’ont de sens que s’ils sont présentés dans un contexte de démocratie, ou la compétition politique est saine. Et, laissez-moi vous dire que les Camerounais se fichent des projets. D’ailleurs, une grande majorité de nos compatriotes ne savent pas lire un projet, n’ont pas le temps pour lire, et c’est le cadet de leurs soucis. Ce que les Camerounais veulent, c’est un homme courageux qui va les aider à chasser Paul Biya. Point final. Le jour ou un Camerounais se mettra devant, vous verrez des millions d’autres Camerounais derrière lui, et ce jour-la est très proche, car nous nous y préparons.
Nous entendons vos critiques dire que « Biya Must Go », « Paul Biya dégage », « Paul Biya doit partir », etc., ne sont pas des projets ?
C’est une arme de distraction massive de la part des supporters de Paul Biya. Il n’y a pas un projet aussi important que celui de faire partir Paul Biya par la rue. C’est d’ailleurs le projet le plus difficile, puisqu’il est toujours au pouvoir après près de 30 ans. D’ailleurs, le RDPC a l’un des projets de société les mieux élaborés, consigné dans « Pour le Libéralisme Communautaire ». Mais Paul Biya n’est pas capable de l’appliquer. Lorsque les Camerounais seront vraiment déterminés à chasser Paul Biya, il va dégager.
« Nous conseillons à Paul Biya de s’inspirer du sort de Ben Ali et de Hosni Moubarak et de quitter le pouvoir avant qu’il soit tard. »
Que faites-vous après le départ de Biya ?
Nous appellerons à l’organisation d’une Conférence Nationale Souveraine, et à une « Commission Vérité et Réconciliation ». Toutes les filles et tous les fils du Cameroun doivent s’asseoir ensemble pour repenser la nation, panser les plaies ouvertes par les régimes dictatoriaux successifs, redéfinir la notion de la citoyenneté. Cela dit, nous souhaitons que Paul Biya quitte le pouvoir sans y être contraint, et nous lui conseillons de s’inspirer de ce qui arrive à Ben Ali et à Hosni Moubarak. Ces leaders du monde arabe étaient si puissants qu’ils croyaient détenir le droit de vie et de mort sur leurs concitoyens. Ils vont finir leurs vieux jours en prison, ou en exil. Si Biya fait ce choix, c’est son problème. Nous lui avons écrit par le canal des ambassades du Cameroun pour lui demander de quitter le pouvoir sans verser davantage le sang des Camerounais. Dans ce cas, il sera pardonné tous ses crimes s’il se repend, et pourrait vivre sans problème au Cameroun avec sa famille. Mais s’il s’entête à s’accrocher au pouvoir et à continuer le massacre de Camerounais, il n’y aura pas un seul endroit sur la terre ou il ira se cacher lui et son épouse. Il sera arrêté, jugé et puni pour ses crimes, et la cliques d’artistes affamés qui vont jouer les griots à Mvomeka’a ne pourront pas le sauver
Alors, ne redoutez-vous pas qu’une insurrection populaire pourrait installer le Cameroun dans une instabilité durable ?
Nous sommes aujourd’hui dans une situation ou Paul Biya maintient les Camerounais dans la peur par le terrorisme d’état. Ce n’est pas la paix. C’est de l’oppression. Bien plus, nous appelons à une insurrection populaire, et non à une insurrection armée. Nous parlons d’un soulèvement populaire massif, qui va surmonter tous les obstacles, y compris les massacres de l’armée, et qui va marcher sur le Palais d’Etoudi pour aller déloger Biya, ou le contraindre à prendre la fuite. Nous y travaillons jours et nuits. Mais, nous pensons aussi que de jeunes officiers peuvent se mutiner, le renverser, avant de remettre le pouvoir au civil. C’est ce qui s’est passé au Mali, et nous encourageons certains jeunes officiers à prendre leurs responsabilités. Parlant de guerre, lorsque l’homme de main de Biya, René Sadi, va en campagne dans le Sud pour appeler les populations à être prêtes pour la guerre si elles veulent la paix, ce n’est pas nous.
Nous allons maintenant demander vos impressions sur quelques leaders de l’opposition. Commençons par John Fru Ndi
Le Chairman est un homme qui a fait preuve d’un courage extraordinaire, et a marqué de façon indélébile l’histoire récente de notre pays. Il a affronté la soldatesque de Paul Biya, a été placé pendant de long mois en résidence surveillée lorsque Paul Biya a fait le siège de Bamenda. Il a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat. Le SDF, son parti, reste malgré tout le parti d’opposition le mieux structuré au Cameroun. Cela dit, il a ses défauts, comme tout le monde. Nous nous sommes brouillés et j’ai des griefs contre lui. Je sais certains s’attendent à ce que je le vilipende ici. Je ne le ferai pas. Je soutiens sans réserve sa menace de boycott des élections.
Kah Walla ?
Je ne la connais pas beaucoup, mais j’ai vu les images de l’agression barbare dont elle a victime le 23 février dernier. Elle l’un des rares femmes à affronter le pouvoir dans la rue. Je sais aussi qu’elle une transfuge du SDF. Les raisons de sa démission ne me sont pas encore assez claires. Nous avons peu de femmes qui s’engagent dans la lutte. Les Camerounais doivent être fiers d’elle. Mais j’ignore si elle a l’audace, l’expérience et le courage nécessaires pour attaquer les grands enjeux auxquels le Cameroun est confronté. Mais ça c’est une autre affaire
Mila Assouté ?
Bien qu’il soit comme moi un membre de la diaspora, je le connais très peu, et nous ne nous sommes jamais rencontrés, ni parlé. Cela peut sembler paradoxale, mais je crois que ceci se justifie par notre conception de la lutte. Il apparaît comme un modéré qui croit en la vertu des urnes dans le contexte actuel et nous, nous croyons à une insurrection populaire. Il a annoncé a maintes reprises son retour au Cameroun et a repoussé pour les raisons qui lui sont propres. Le jour où il retournera nous permettra de jauger son niveau de popularité auprès des Camerounais. A-t-il des qualités requises pour diriger le Cameroun ? Je n’ai aucun élément pour répondre
Jean Jacques Ekindi ?
En 1996, il a organisé à Douala une marche pour exiger aux allogènes de rentrer chez eux. Il doit s’expliquer sur cette dérive. Il n’a pas encore dit s’il est le candidat des autochtones.
Mboua Massock ?
L’opposant le plus craint, le plus constant, le plus redoutable. Sans moyens, il déstabilise le pouvoir sur ses fondations. Il est dans un devoir d’insoumission permanente.
Jean Michel Nintcheu?
Paul Biya le déteste. En mars 2008, il a été arrêté, conduit dans une cellule de la gendarmerie du port, ou des barbouzes de Biya ont voulu l’abattre. Ils lui ont montré un portrait de moi, qu’ils marchent avec comme une pièce d’identité, et l’ont accusé d’avoir pris possession d’un container d’armes que je lui aurais envoyé pour déstabiliser le Cameroun à partir du Nigeria. Il a refusé les milliards qu’on lui a proposés pour le réduire au silence. Il va sans doute jouer un rôle important pour l’avenir du Cameroun
Un dernier mot ?
Nous travaillons en ce moment avec tous les camarades de la diaspora patriotique, pour constituer une plate forme unitaire contre Paul Biya. Dans les jours qui suivent, les deux CODE vont se remettre ensemble, et Paul Biya n’a qu’à bien se tenir.
que tous les faceurs de yaoundé sachent une chose
le cameroun est le pays de nos ancetres
ils ne sont pas plus camerounais que nous
bonne guerison
Bass